Podcast de Papatriarcat, avec Clémentine Beauvais

Le droit de vote des enfants

Podcast de Papatriarcat (Cédric Rostein) avec Clémentine Beauvais                                                                            .                                                                        

Papatriarcat est un podcast animé par Cédric Rostaing et qui parle de parentalité, d’éducation, de promotion des droits de l’enfant, en s’affranchissant du model patriarcal.

Papatriarcat reçoit Clémentine Beauvais qui a écrit un tract chez Gallimard pour revendiquer le droit de vote dès a naissance.

L’idée d’un droit de vote dès la naissance est plus présente dans les pays anglosaxons. Les modalités restent à définir. Mais interroger l’âge de la majorité permet de questionner la notion de démocratie. En effet, on interdisant le droit de vote aux personnes mineurs, on prive 18 à 20% de la population de voix lors des élections.

L’auteure explique que les adultes ont une obligation de protection et d’éducation vis à vis. Parallèlement à ces deux protections, les adultes doivent également éduquer les enfants pour les amener vers plus d’autonomie. Clémentine Beauvais interroge : en quoi est-ce que l’absence de droit de vote éduque. En quoi est-ce que l’absence de droit de vote protège ?

Papatriarcat interroge : quels seraient les impacts positifs d’un droit de vote pour les enfants ? Au quotidien, explique Clémentine Beauvais, tout est politique. Par exemple, en Grande-Bretagne, la politique d’austérité a entrainé une augmentation du nombre d’enfants pauvres, et la dégradation des services publiques, notamment du système de santé, impacte aussi les enfants.  Les enfants sont aussi touchés de manière indirecte par la politique. Par exemple, avec la politique de fin de vie, son parent va être absent en semaine ou les week-ends pour s’occuper du grand-parent dépendant : l’enfant sera nécessairement affecté par ces absences. Tout dans la journée de l’enfant est politique : la présence ou l’absence d’un parent le matin, les transports en commun pur aller à l’école, les contenus de l’éducation nationale, la cantine, le périscolaire, la capacité de ses parents à être présents à la sortie de l’école, etc…La politique est donc bien  présente toute la journée dans la vie des enfants.

L’autrice revient sur les capacités cognitives des enfants. Les enfants ont des compétences qui ne sont pas accessibles aux adultes. Par exemple, un enfant de 5 ans peut être trilingue. Or, aucun adulte, au bout de 5 ans d’apprentissage, ne peut être trilingue. Les adolescents ont des capacités à comprendre les logiciels tellement plus élevées que celles des adultes. Les mineurs ont des compétences cognitives développées. Mais, à ce jour, dans notre société, la raison est une compétence majeure. Or, certaines compétences reliées à la raison ne sont pas possibles pour des enfants. Par exemple, la pensée contre-factuelle (celle qui permets de se dire « Si… » et d’imaginer d’autres scénarios possibles) n’arrive pas tout de suite. Mais cet argument des capacités cognitives pour justifier l’absences de droit de vote pour les enfants n’est pas logique : aucune test de QI, aucun niveau d’étude n’est exigé pour voter. D’ailleurs, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap ont le droit de voter. Et heureusement ! C’est important que ces populations puissent aussi faire entendre leur voix. Mais c’est très inégal pour les enfants.

Papatriarcat interroge sur l’éducation au vote. Comment éduquer à l démocratie ? Clémentine Beauvais explique que c’est normal à 18 ans de ne pas être à l’aise avec les élections, comme avec toute chose qui n’a jamais été faite auparavant. Elle souligne que les élections des délégués de classe ainsi que les conseils d’enfants permettent dans une certaine mesure d’apprendre, mais de manière très incomplète. Cela ressemble plus à un entraînement, comme si les enfants jouaient aux grands, mais que ce n’était pas sérieux. On fait semblant. En tant que parent, on peut éduquer à la démocratie en prenant les décisions en famille, à conditions que les décisions prisent avec les enfants soient effectivement suivis d’effet. L’objectif est de faire comprendre aux enfants que leurs décisions ont de la valeur. Si les décisions présentes des conséquences négatives, c’est l’occasion d’expliquer en quoi les décisions ne peuvent être appliquées. Les adultes sont toujours responsables.

Papatriarcat site l’article 112 de la convention internationale des droits de l’enfant pour expliquer que la voix des enfants compte dans la famille. Il espère que les jeunes feront le lien plus tard avec la politique.

L’autrice explique qu’une manière d’éduquer à la politique passe par l’explication des dépenses. Par exemple, on peut expliquer qu’on n’achète pas tel objet du fait de valeurs qu’on défend (exemple : pas de viande pour une personne végétarienne, pas d’achat compulsif, pas cette marque, etc…).

Papatriarcat interroge sur le concret : quelles modalités mettre en place pur permettre ce droit de vote dès la naissance. L’autrice n’a pas la solution. Elle explique que cela pourrait se mettre en place graduellement, avec des chercheurs, avec des régions/ villes tests. L’alphabétisation  est un obstacle, la motricité aussi( mettre un papier dans l’urne). Ces obstacles auraient l’avantage d’inciter les politiques à rendre leur programme plus accessible. Pour rendre le droit de vote accessible, l’autrice propose d’instaurer des jours de vote en semaine, comme cela est le cas en Angleterre, le pays où elle vit. Ainsi, les enfants ne seraient plus dépendants du bon vouloir de leurs parents de les amener voter. L’autrice propose de simplifier l’inscription sur les listes électorales : chaque enfant serait inscrit dès sa naissance. La jeune mineure pourrait ensuite décider d’aller voter quand elle se sente prête.  Quid des bébés ? Non, les bébés ne vont pas y arriver. Avoir un droit n’implique pas le devoir, mais, symboliquement, il serait important que les bébés aient le droit, cela notifient qu’ils sont les bienvenus en démocratie.

Patriarcat interroge sur la possibilité des familles de voter à la place des bébés. L’autrice imagine un droit de vote familiale : le père de fa famille auraient un vote pas enfant, jusqu’au 18 ans par enfant (il s’agit d’une idée présente aux Etats-Unis). Elle évoque le vote par représentation du parent jusqu’à ce que l’enfant revendique son droit de vote (idée défendue par John Wol). Les deux personnes du podcast relatent les difficultés pour un enfant à revendiquer un droit auprès de ses parents, et l’importance de dire qu’un enfant doit décider pour lui.

Papatriarcat affirme que les enfants ont des avis au moins en ce qui concernent leur environnement proche et que les participations aux municipales sont particulièrement propices à la participations aux élections des enfants. L’autrice confirme que les enfants sont pleinement capables de comprendre les enjeux de leur environnement quotidien, mais elle maintient que les enfants participent aussi aux élections présidentielles et européenne. Cependant, les élections municipales seraient un très bon test dans le cadre de la participation des enfants aux élections.

Certaines personnes opposent que les enfants voteraient comme leurs parents. L’autrice explique que d’une part le vote est sociale (une famille est une entité sociale avec ses valeurs) , et d’autre part cet argument était avancé pour s’opposé au droit de vote pour les femmes.

Patriarcat demande ce que nous pouvons faire pour faire avancer cette idée. L’autrice propose de diffuser ce podcast, d’acheter le tract de chez Galimard. Elle conseille également de lire le tract de Laïla Benoit « Infantisme » (Gallimard). Clémentine Beauvais propose lors d’élection de laisser sa voix. Parler du suet est très utile. Une tribune (avant les élections de Trump), relayée par les médias, avaient été signée par des universitaires, des militants qui s’engageaient, lors des prochaines élections à porter le vote d’un enfant. Clémentine Beauvais reconnait l’aspect s’symbolique : cela montre néanmoins que la vois des enfants doit être prise en considération. Une telle initiative pourrait être mise en place en France.

En écoutant ce podcast, je sens que ma position a bougé en ce qui concerne le droit de vote des enfants. Je me rends compte que cette idée est d’une part importante pour la démocratie, et d’autre part réalisable. L’autrice et Papatriarcat m’ont convaincue ! Je vous invite donc à écouter ce podcast pour avoir les propos de Papatriarcat et son invitée Clémentine Beauvais dans leur intégralité.

L’exclusion de 18 à 20% de la population au suffrage universel est évidente pour notre société. L’idée fait même rie, semble grotesque, en tout cas ne rentre pas dans l’ordre des choses. Les adultes ont tendance à se définir comme à l’opposé des enfants, ils mettent même à distance les qualités des enfants, voire les dévalorisent. Par exemple, un adulte est mûr, responsable, alors qu’un enfant sera imaginatif, spontané, mais finalement, ces qualités n’en sont pas vraiment dans la mesure où ses qualités sont parfois présentées comme des défauts. Pourtant, on ne peut nier que les enfants ont des compétences qui ne sont pas accessibles aux adultes. Par exemple, un enfant de 4 ans peut être trilingue. Or, aucun adulte, au bout de 4 ans d’apprentissage, ne peut être trilingue. L’auteure s’oppose à ce que les enfants soient vus comme des adultes en devenir. Pour elle, l’enfance est une période à part entière.


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