Nous pique-niquons avec des amis. Ils ont une salade de lentilles. Leur fille, Nina, 3 ans, s’oppose : « Je n’aime pas les lentilles. » « Si, tu manges. » Nina résiste : « Non, je n’aime pas. ». La confrontation dure quelques minutes, puis la mère négocie : « Deux cuillères, et tu passes au dessert. » Nina persiste : elle n’aime pas les lentilles et refuse ces deux cuillères. Au bout d’un moment, la fillette finit par céder et manger ces deux cuillères.
L’alimentation des enfants, quel vaste sujet… Quel vaste sujet, avec tellement de manière de l’aborder. Je n’ai pas de réponse catégorique, mais des questions : est-ce qu’un adulte se forcerait à cuisiner un plat qu’il n’aime pas pour le manger ? Pourquoi imposer ça aux enfants ? Il faut éduquer au goût ! J’ai l’impression que ces deux cuillères ont été inutiles : Nina n’aime toujours pas les lentilles. Les menus peuvent se concevoir de manière démocratique. Ce pique-nique aurait pu être envisagé de manière démocratique : les parents et les enfants auraient pu élaborer le menu ensemble. Le repas aurait été plus agréable pour les parents _ qui n’auraient pas eu ce conflit à gérer et auraient passé un moment plus convivial_ et pour l’enfant _ qui aurait mangé un repas plus agréable dans une bonne ambiance. Comme souvent quand on coopère, tout le monde a à y gagner.
Ceci étant dit, c’est vrai que le choix des menus peut être compliqué si les enfants sont très difficiles. Là, deux droits s’opposent : d’un côté, l’article 18 stipule que « les deux parents ont une responsabilité commune pour ce qui est d’élever l’enfant et d’assurer son développement ». Une alimentation équilibrée participe au bon développement de l’enfant. C’est un devoir pour nous, parents, de leur fournir une alimentation équilibrée. le droit à une bonne santé (avec une alimentation équilibrée). L’article 24 va dans le même sens : « Les États parties reconnaissent le droit de l’enfant de jouir du meilleur état de santé possible ». En même temps, l’article 12 dit que « Les États parties garantissent à l’enfant qui est capable de discernement le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions de l’enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de maturité ». Voilà donc les parents coincés entre deux choix : forcer les enfants à manger ce qu’ils ne veulent pas pour favoriser une bonne santé. Ou permettre aux enfants de manger déséquilibrer pour respecter leur choix.
Chez nous, je demande aux enfants ce qu’ils veulent manger au moment où je prévois les menus. Ils ont peu d’idées. Ils apprécient peu de légumes. Nous avons fait le choix _ contestable_ de respecter leurs goûts malgré le déséquilibre alimentaire que cela entraîne. Ainsi, il y a toujours du riz ou des pâtes pour eux. IL y a toujours des légumes le soir : ils prennent ce qu’ils veulent, et complètent avec les féculents. ¨Notre limite a été de dire qu’on ne remplace pas les légumes par des protéines ou des sucreries. L’année dernière, l’IMC de notre fille est sorti des courbes du fait de l’excès de sucres lents : une nutritionniste nous a aidés à remettre un peu d’équilibre dans les menus, tout en respectant le goût de notre fille. Le problème de poids est aujourd’hui rentré dans l’ordre.
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